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L’importance de l’occlusion

Dr Peter Bausch

Dr Peter Bausch

ven. 27 septembre 2013

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Pour chaque chirurgien-dentiste et technicien dentaire, la restauration physiologique correcte de l’occlusion relève d’un véritable défi. Même la plus minime protubérance, mesurant à peine quelques microns, peut être la cause d’un dysfonctionnement du système masticateur d’un patient. En dentisterie restauratrice, les rapports occlusaux se modifient constamment. Il est donc indispensable, dans l’intérêt du patient, de comprendre et de surveiller la relation interdentaire lors de l’occlusion statique et dynamique. Une occlusion fonctionnelle est essentielle à l’état de santé général du patient, et le contrôle interdisciplinaire des symptômes et du traitement fait partie intégrante de la pratique quotidienne. Dès lors, une vérification de l’occlusion pendant le traitement est fortement conseillée.

Occlusion et effets potentiels des interférences occlusales sur les patients
Chaque restauration, extraction, appareil prothétique et traitement orthodontique, modifie l’occlusion statique et dynamique. La plus petite interférence occlusale, ne fût-ce que quelques microns, peut perturber les propriocepteurs du système stomatologique et être à l’origine d’un bruxisme (grincement ou serrage anormal des dents), lequel peut à son tour entraîner un trouble fonctionnel du système cranio-mandibulaire. Il en résulte une surcharge des dents, du parodonte, des muscles et des articulations.

Il importe non seulement de détecter, mais aussi d’éviter la survenue d’un nouveau trouble fonctionnel du système cranio-mandibulaire. Répétons-le, la plus petite interférence au niveau de l’occlusion normale, peut être la cause de graves perturbations chez le patient. Un trouble fonctionnel aigu tel qu’un serrage anormal des dents ou un bruxisme, peut devenir chronique au fil du temps.

Les patients qui portent de nouvelles obturations, des prothèses conjointes, ou ont suivi un traitement orthodontique, et qui présentent des symptômes caractéristiques de syndrome algo-dysfonctionnel de l’articulation temporo-mandibulaire, devraient faire l’objet d’un examen particulier de l’occlusion. Les contacts prématurés sont souvent la cause de sensations très désagréables, car les propriocepteurs sont sensibles à la pression. Le patient tente en général de compenser l’interférence occlusale en adoptant une nouvelle posture, qui aura des répercussions sur les structures tissulaires attachées.

embedImagecenter("Imagecenter_1_904",904, "large"); Position et restauration de l’occlusion
Un élément essentiel dont il faut tenir compte dans tout type de restauration occlusale est la position de la mandibule. Le plus souvent, le traitement est réalisé dans les conditions posturales mandibulaires habituelles, qui correspondent à la position correcte pour la plupart des patients. Chez les personnes dont les restaurations sont plus complexes, ou qui souffrent de troubles de l’articulation temporo-mandibulaire, il est nécessaire de procéder à un repositionnement physiologique de la mandibule. Dans la majorité des cas, l’occlusion en relation centrée, correspond à la position adéquate de traitement.

La relation centrée est la position de la mandibule par rapport au maxillaire, lorsque les têtes des condyles mandibulaires, en coaptation avec le disque intra-articulaire, sont placées au contact de la partie la plus supérieure du versant antérieur de la cavité glénoïde (c’est-à-dire que les condyles mandibulaires sont dans leur position la plus antéro-supérieure).

Pour obtenir une occlusion équilibrée lors d’une posture statique, le patient doit avoir suffisamment de contacts ABC (voir Fig. 11) en position d’intercuspidie, au niveau de chaque quadrant. Dans cette position, les dents des mâchoires opposées sont en intercuspidie maximale et présentent un maximum de contacts occlusaux.

Influence physiologique des contacts interférants initiaux
Chez la plupart des patients, la position mandibulaire habituelle d’intercuspidie maximale est la mieux adaptée à la restauration de l’occlusion. Toutefois, le moindre contact prématuré, ne serait-ce que 20 μm, peut interférer et déclencher une réaction compensatrice qui place la mandibule dans une nouvelle posture physiologique. C’est là une réaction naturelle de notre système biologique, pour éviter que des forces plus importantes se concentrent sur une seule surface.

Par exemple, si vous mangez quelque chose et que vous mordez sur un petit grain de sable, vous modifiez automatiquement la position de votre mandibule afin de protéger vos dents. Un « grain de sable » permanent (une interférence occlusale) peut être la cause d’une surcharge du système biologique et dans ce cas, le patient aura atteint la limite de sa capacité maximale de compensation. La douleur peut alors devenir chronique.

Restauration de l’occlusion
Pour restaurer l’occlusion physiologique, il est nécessaire d’identifier visuellement et précisément les points de contact. Les matériaux permettant le contrôle de l’occlusion par un transfert progressif de couleur (papiers à articuler), sont efficaces pour détecter les forces occlusales en position habituelle d’intercuspidie. Les surfaces supportant des charges plus importantes, peuvent être identifiées grâce à des marques de teinte foncée dont le contraste est plus accentué. Ces marques indiquent probablement les contacts initiaux. Les surfaces portant des marques de couleur moins intense, indiquent les contacts où les forces occlusales sont plus faibles, ou même absentes. Lorsqu’on les examine en détail, ces marques ont l’aspect d’un beignet. Le centre du point de contact présente une teinte plus claire, mais le pourtour plus coloré ne représente pas la surface de contact. Seul le centre de couleur plus claire indique la vraie surface de contact, et c’est cette surface particulière qui doit être adaptée lors de l’équilibration occlusale. Une occlusion équilibrée requiert que le patient ait suffisamment de contacts ABC au niveau de chacun des quadrants.

Les corrections des surfaces occlusales peuvent être additives ou soustractives. Une modification de la relation occlusale, qui serait nécessaire chez des patients ayant souffert de bruxisme durant une longue période, peut être problématique car ces personnes présentent probablement une perte importante du tissu dentaire dur. Pour traiter ces patients, il est conseillé d’utiliser une gouttière de protection (occlusion additive).

Conclusion

La restauration de l’occlusion physiologique est indispensable au fonctionnement compliqué de tout le système stomatognathique. Il existe divers concepts de l’occlusion et l’on dispose d’une vaste panoplie de dispositifs électroniques pour son enregistrement, ainsi que pour l’analyse des mouvements complexes de la mandibule.

Outre ces outils, il est nécessaire de posséder une compréhension élémentaire de la conception bio - mécanique d’une face occlusale. Aujourd’hui, nous disposons de nombreux et divers indicateurs de l’occlusion, pour visualiser ces structures biomécaniques. Le contrôle visuel de la relation occlusale entre le maxillaire et la mandibule peut être réalisé dans les meilleures conditions, grâce à des papiers souples et de minces films à articuler imprégnés de colorants.

Note de la rédaction : cet article est paru dans la version française de CAD/CAM, Vol. 3, No. 3, septembre 2013.

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